RELIANT, projet industrie et recherche en réponse aux enjeux sanitaires
Notre préoccupation actuelle réside dans le fait de pouvoir continuer à vivre ensemble, jouir de nos libertés individuelles, travailler, se déplacer… le tout en se protégeant, protégeant les autres et contribuer à limiter la propagation des virus. Le projet RELIANT – Revêtement mEtaLlique contre la contAmiNaTion des surfaces plastiques par le SARS-CoV-2 s’inscrit pleinement dans ces objectifs et vise à répondre en proposant une solution virucide et antibactérienne durable pour la protection de plastiques à usage aéronautique.
RELIANT, comme son nom le laisse à penser, est un trait d’union entre les champs de compétence de plusieurs disciplines et thématiques de recherche, celles de l’IRCER – UMR 7315, et celles de RESINFIT UMR Inserm-CHU 1092, le centre de transfert de technologies via le CITRA (Centre d’Ingénierie en Traitements et Revêtements de surface Avancés) associés aux savoir-faire d’entreprises spécialisées dans le traitement de surface : Oerlikon et Kometa et Safran, acteur majeur des secteurs aéronautique et défense.
Les données obtenues dans le cadre de ce projet transdisciplinaire serviront de base à un projet d’envergure nationale intégrant un plus grand nombre de partenaires, dont l’objectif sera de développer des revêtements multifonctionnels intégrant entre autres des propriétés virucides, bactéricides et esthétiques.
Espace public et contamination des revêtements
Des études récentes ont montré que les coronavirus humains et en particulier le SARS-CoV-2 (COVID19) peuvent rester infectieux plusieurs jours sur la surface de matériaux communément utilisés dans les lieux publics ou privés. Ainsi, le SARS-CoV-2 a été trouvé viable jusqu’à trois jours après son dépôt sur des surfaces sèches en plastique, deux jours sur de l’acier inoxydable et 24h sur des cartons. Des résultats similaires ont été obtenus avec le HuCoV-229E (responsable de rhumes par exemple) sur des surfaces en PVC, téflon, céramiques et verres. Ces surfaces même régulièrement désinfectées peuvent rapidement être re-contaminées après leur nettoyage et participer ainsi à la propagation des virus et des bactéries. Mais alors comment faire, notamment dans les lieux publics ? La solution serait de doter certains revêtements de propriétés antimicrobiennes. Pour les bactéries, trois approches ont déjà été testées : des revêtements qui libèrent progressivement des produits antibactériens, mais dont la durée de vie est limitée, des revêtements dits bactériostatiques qui empêchent le dépôt des bactéries et limitent leur prolifération et enfin, les revêtements bactéricides qui tuent les bactéries par contact. Ces derniers incluent différents matériaux qui diffèrent par leurs mécanismes d’action sur les bactéries, à savoir le panel de bactéries qu’ils peuvent neutraliser et la gamme de température et d’humidité sur laquelle ils sont efficaces. La masse volumique des matériaux peut les rendre peu adaptés à une utilisation sous forme massive en aéronautique où l’allégement des matériaux est une des voies pour réduire l’empreinte carbone des aéronefs. Les plastiques sous diverses formes sont, par contre largement utilisés. Une solution pourrait donc être un revêtement sur des éléments plastiques susceptibles d’être touchés par les occupants comme les tablettes, les compartiments à bagages… en bref, l’ensemble des points de contact éventuels que le passager serait susceptible de rencontrer lors d’un vol.
Outre le fait de faire travailler ensemble plusieurs acteurs pour trouver une réponse commune aux problématiques sanitaires mondiales, le caractère innovant du projet RELIANT est la définition d’un protocole pour étudier l’effet virucide d’un matériau avec un état chimique et physique de surface bien défini. L’objectif est de travailler sur la conception d’un revêtement métallique avec une microstructure particulière adhérent sur un plastique et d’étudier l’effet du vieillissement des revêtements sur leur propriété virucide. Les solutions technologiques mises au point au cours de l’étude pourront trouver des applications sur des plastiques utilisés dans les lieux recevant du public. Si aujourd’hui, la recherche porte sur une application dans l’aéronautique, demain ce nouveau revêtement pourrait trouver sa place dans d’autres types de transports, et autres espaces publics rencontrant les mêmes contraintes qu’un habitacle d’avion.
RELIANT est désormais inscrit dans le programme pluriannuel du laboratoire de recherche commun « PROTHEIS *», co-créé par SAFRAN, OERLIKON, le CNRS et l’Université de Limoges dans la thématique des dépôts multifonctionnels en association avec les autres partenaires cités précédemment. La réalisation des revêtements s’appuiera en partie sur les moyens technologiques de la plateforme « SAFIR » en cours de construction sur le campus Ester Technopole. Pour la partie virologie, les tests de virucidie sur culture de SARS-CoV-2 seront réalisés par les équipes de recherche de l’Unité RESINFIT – Anti-Infectieux : supports moléculaires des résistances et innovations thérapeutiques dans le laboratoire P3 du CHU de Limoges.
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*Le Laboratoire PROTHEIS (Procédés de traitements de surfaces par voie sèche) développe des approches scientifiques pour répondre aux enjeux du futur pour le secteur aéronautique ; La plateforme SAFIR (Aérospatial et aéronautique par la fonctionnalisation des surfaces en associant industriels et R&D) vise à répondre aux besoins technologiques des industries aéronautiques, nautiques, automobiles, de l’énergie, de l’électronique et des dispositifs médicaux, dans le domaine des traitements de surface par voie sèche.